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"Et si la vie, notre vraie vie,  commençait à 60 ans ?"

Régine Ghirardi


Pour Régine Ghirardi, première ambassadrice Always Valentines, la réponse semble évidente ! À 70 ans, cette pétillante autrice n'en finit pas de savourer et célébrer l'amour, les couleurs, la vie. Rencontre avec une femme aussi passionnée que passionnante qui voit dans la retraite une formidable "opportunité pour les couples de se retrouver voire de se réinventer, si toutefois ils s'en donnent les moyens."






Régine, comment vous présenter en quelques mots ?

Je suis originaire des Côtes d’Armor, née à Paris et je vis à Concarneau. J'ai 70 ans. Je suis mariée et mère de 3 enfants. J'ai travaillé en service social au sein de la Défense nationale. Ma vie se résume à un enchaînement de passions, toutes aussi dévorantes les unes que les autres. L'art, l'écriture, la musique, l'apprentissage des langues, la cuisine du monde, les sciences humaines, le développement personnel et tout ce qui a trait à  la quête philosophique et au domaine métaphysique. 


Comment avez-vous connu Always Valentines ? 

Par "ID de femmes" le blog de mon amie chroniqueuse Renée Valet-Huguet, une icône lyonnaise de la mode.


Pourquoi avoir accepté de devenir Ambassadrice ?

Je veux porter haut et fort les valeurs d'Always Valentines, car le sujet me parle de façon instinctive. J'ai toujours cru à l'amour, consciente depuis ma petite enfance de cette énergie supérieure qui relie les êtres.


Baignée par l'amour de mon père, la sécurité qu'il m'offrait et l'admiration que je lui portais, j'ai découvert très tôt l'essence de l'amour et la puissance du chant vibratoire. J'ai donc passé ma vie à rechercher cette harmonie, à cultiver la reliance à l'autre, à tisser des liens et bien sûr à les découdre, les recoudre, changer la trame, disposer mes fils et mes fibres plus harmonieusement jusqu'à obtenir l'un des plus beaux tapis, mon "œuvre de vie". Elle représente ma vision de l'amour telle que je l'ai fantasmée, rêvée, puis transcendée. Alors, comme le dit si bien Nicolas Boileau : « Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage".


J'ai toujours eu comme intime conviction que la vie est quelque chose de sacré et de grave. Que nous devons donc y mettre toute notre intention, toute notre entièreté et toute notre honnêteté.


Est-ce important pour vous que les séniors prennent la parole et revendiquent pour eux-mêmes le droit au plaisir, à l'amour ? 

Oui, c'est primordial. Normalement, nous ne devrions pas avoir à le revendiquer puisque pour la plupart d'entre nous, il s'agit bien d'une réalité. On ne tombe pas "dans les vieux" du jour au lendemain. Et encore, qu'est la notion de "vieux" ? Dans notre tête, nous sommes exactement les mêmes qu'à 40 ans. Nous n'avons pas vu les années filer. Toujours les mêmes passions, les mêmes envies, la même énergie, la même vitesse de raisonnement et d'action jusqu'au jour où, sans y prendre garde, l'on bascule dans le chiffre 6 ! Horreur, malheur, nous dit-on ! Un chiffre maudit puisque l'OMS retient l'âge de 60 pour définir la notion de personne âgée ! Nous nous retrouvons donc étiquetés malgré nous. Pourtant, certains sont des "vieux de la vie" dès 40 ans. La notion de "vieux" est donc relative. Il en est de même pour la vie sexuelle et amoureuse. Une chose change cependant, avec l’âge et c'est en bien pour une fois.


"Avec la retraite, les enfants casés, le temps libre, l’absence de cycles contraignants et la place laissée au farniente, les couples ont la réelle opportunité de se retrouver, ou carrément de se réinventer, si toutefois ils s'en donnent les moyens."

Au fil du temps, les tabous, la gêne, la pudeur se sont estompés. Le couple est désormais établi. Les partenaires se connaissent bien et font face à une relation de confiance. L’angoisse de performance disparaît. Tout cela laisse une place énorme à la créativité en matière de sexualité. Alors, oui, clairement, sans les obligations de rendement au travail, l'éducation des enfants, la charge mentale et la fatigue qui en découlent, la sexualité peut devenir bien plus riche et plus intense qu'à 40 ans ! Revendiquons donc notre droit au plaisir et à l'amour, seul ou en couple. Et si la vie, notre vraie vie,  commençait à 60 ans ?


Dans "La beauté du Pissenlit", très beau texte que vous avez écrit, vous vous "rebellez" sur "la soudaine économie de compliments, de câlins, de mots doux" qui s'installe dans de nombreux couples avec le temps. Que dire aux séniors qui sont convaincus qu'à partir d'un certain âge, l'amour, le désir, le plaisir, ne sont plus pour eux ?

En effet, rien n'est plus terrible que cette restriction de gestes et de mots  dans une relation. Elle existe malheureusement aussi chez les jeunes couples. J’ai envie de leur dire, car j’ai la preuve que ça fonctionne : Ne faites pas l'économie de vos efforts ! Mettez-y toute votre intention ! Déplacer votre « point de voir ».


Votre conjoint* est toujours cette même personne que vous avez rencontrée autrefois, qui vous a séduit, qui vous a fait trembler, qui vous a fait rugir de désir et de plaisir. Repensez à ces petits détails qui vous ont fait craquer : cette fossette qui s’ouvre sur son éclat  de rire, la pétillance de son regard, sa façon d’être lorsqu’il est pensif, sa nuque, sa silhouette vue de dos, l’odeur et le grain de sa peau, la forme de ses mains, son attention, son écoute, cette bulle merveilleuse dans laquelle vous étiez plongés. Tout est encore là ! Intact ! À vous d’ôter ce « voile du temps ». 


Offrez l'excellence ! Complimentez, osez redire ce qu’il vous inspirait et que vous ne disiez plus, caressez, cajolez.

Glissez votre  main dans la sienne en public, serrez-vous contre lui sans motif, chuchotez-lui des mots doux ou coquins à l’oreille, observez sa réaction, constatez le bonheur que vous pouvez offrir gratuitement au quotidien, regarder comme son image de lui-même s’améliore, que son besoin de considération et de reconnaissance est nourri. Comme il se sent beau et désirable à nouveau.


On serait tenté de vous demander, pourquoi vous et pas lui ?

Parce que, premièrement, on s’en fout un peu de qui commence. Deuxièmement, c’est vous qui avez reçu l’information. Troisièmement, ce n’est pas pour lui que vous le faites, mais pour le couple, donc pour vous aussi. Tout ce que nous offrons nous offre en retour.


"Faites vibrer la joie et l'enthousiasme. Plus la vibration sera haute, plus la loi de l'attraction s'appliquera. Rêvez haut, rêvez fort !"

Vous avez récemment dit dans une interview donnée au Point que votre plaisir était plus intense à 70 ans qu'à 50 ans. Comment l'expliquer ? Est-ce parce qu'avec les années on se débarrasse des injonctions, parce qu'on est plus libre, que l'on connait mieux son corps ?

C’est la vérité. La jouissance peut vraiment devenir plus intense pour plusieurs raisons. Nos corps se connaissent de mieux en mieux, nous ne nous mettons plus de pression avec l’endurance qui est l’apanage des couples plus jeunes. Par conséquent, nous nous réinventons... Nous sommes davantage à l’écoute de l’autre  et capables d’accueillir nos fantasmes et de les partager. Nous osons explorer de nouveaux territoires. Je dirais aussi que nous cultivons plus attentivement le plaisir cérébral, qui va venir démultiplier le plaisir sexuel. Je peux donc affirmer que ma manière d'envisager la sexualité a  évolué avec les années.


Chez Always Valentines nous affirmons que la sexualité des séniors ne devrait pas être  taboue, mais plus encore, qu'elle devrait être un modèle pour les plus jeunes car pour s'adapter à l'âge elle doit davantage miser sur la communication, sur la lenteur, la sensualité et la créativité. Qu'en pensez-vous ?

J’adore le  « mais plus encore ». Il est certain que si nous avions la possibilité d’établir des passerelles entre générations pour  communiquer sans tabous sur notre expérience sexuelle, nous serions en mesure de rassurer beaucoup de jeunes couples sur ces fausses croyances qu’une  érection se doit d’être maximale et constante pour faire jouir sa partenaire et avoir une vie sexuelle épanouie.


À notre âge, nous savons encore plus que le plaisir ou l’orgasme de la femme s’obtiennent aussi bien par la pénétration avec les doigts ou des objets sexuels, par la masturbation seule ou à deux, par le sexe oral, ou par des pratiques moins usitées comme le kunyaza, le tantrisme, etc. Sur un long parcours de vie, avec souvent plusieurs partenaires, nous avons expérimenté la plupart des possibilités. On peut donc dire que nous avons acquis une certaine « expertise ».


Je voudrais aussi mettre la lumière sur quelque chose d’essentiel qu’il faut absolument cultiver, et ce dès le début d’une relation, car le plaisir en sera renforcé et sublimé. Il s’agit  de la complicité, de l’humour, du jeu, de l’échange de mots et de regards, de la confession de nos fantasmes, de massages à quatre mains qu’on appelle « câlins fondants », de l’érotisme avec tout ce que ça peut comporter, comme, le port d’une lingerie sexy, les petits rendez-vous programmés, etc. Le but ultime étant de mettre en action tous les systèmes sensoriels de la perception, qu’ils soient tactiles, visuels, olfactifs et auditifs.


Des conseils à partager pour rester heureux en couple au fil des années ?

 L'amour, le partage, le désir, le plaisir, nous élèvent et nous permettent d'entrer au cœur de l'autre. Cette énergie bienfaitrice nous nourrit et nous sécurise. Alors, voici un unique conseil car il garde intact le fil de mes propos :


"Séduisez-vous. Séduisez-vous, jusqu’au bout."

Les lecteurs qui veulent te découvrir davantage peuvent entrer dans La villa des orangers, votre roman paru en 2020. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Villa des Orangers est bien plus qu’un roman. C’est une célébration de la vie et un hymne à l’amour sous toutes ses formes, jusqu’à l’amour de soi. On y découvrira aussi Maria-Maddalena et Christopher, qui, à 85 et 86 ans, réapprennent à aimer et à vivre pleinement, malgré le poids des années et des pertes.


À travers leur histoire, j’ai voulu montrer que l’amour n’a pas d’âge et que chaque moment peut être un renouveau.

Le livre explore aussi des thèmes liés à l’art, à la vie et aux relations humaines, le tout sous un prisme hédoniste et contemplatif. C’est une ode à la lenteur, à l’émerveillement et à la joie d’exister. C’est un voyage à travers les sens et les émotions, un moment plein de couleurs, de saveurs et de senteurs. Villa des orangers invite les lecteurs à repenser leur rapport au temps et à l’intensité de la vie.



 *le féminin est employé le féminin mais il va de soi que ces propos concernent chacun des membres du couple.


 

Un grand merci à Régine, notre sémillante Valentine pour cette interview et pour son action à nos côtés. Si Always Valentines s'engage pour la santé sexuelle et le bien-être intime des séniors, nous nous refusons de parler à leur place. Voilà pourquoi nous avons choisi de tisser un réseau d'ambassadrices et d'ambassadeurs prêt·es à nous aider à créer les produits et services dont ils ont besoin mais aussi à prendre la parole et animer des espaces de dialogue pour détabouiser leur sexualité. Ce combat vous parle ? N'hésitez pas à rejoindre la communauté des Valentin·es et/ou porter nos couleurs.




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